Il existe un potentiel important pour arriver à des moyens d’existence et des paysages productifs et résilients au Sahel. Les économies nationales et les centres urbains se développent et la plupart des pays sahéliens connaissent une augmentation soutenue de la production animale et végétale par habitant. Les habitants du Sahel sont diversifiés, possédant un riche patrimoine culturel et une longue tradition de gestion de terres et des ressources « multi-utilisateurs », durables et adaptée aux conditions semi-arides sahéliennes.
Les pays sahéliens continuent d’être parmi les plus pauvres de la planète et leurs populations parmi les plus vulnérables. Quatre des huit pays les moins bien classés dans l’Indice de développement humain de 2018 sont des pays sahéliens (Niger, 189/189/; Chad, 186/189; Burkina Faso, 183/189; et Mali, 182/189). Les changements climatiques menacent les moyens d’existence des agriculteurs, des pasteurs et des autres utilisateurs de terres et d’eau, ainsi que des paysages dont ils dépendent collectivement. Les impacts combinés du : changement climatique (la hausse des températures sont 1,5 fois plus rapide que la moyenne mondiale, des événements extrêmes plus fréquents et prolongés, notamment des sécheresses et des inondations), la concurrence pour l’accès à la terre, à l’eau et aux autres ressources naturelles, la difficulté à trouver d’autres moyens d’existence viables, les hostilités croissantes entre des personnes qui dépendent de ces environnements fragiles, pour n’en nommer que quelques-uns, menacent la région de manière complexe et interconnectée. En conséquence, le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel anticipe ce qu’il décrit comme “insécurité alimentaire persistante” dans un avenir proche.
Atteindre des moyens d’existence et des paysages résilients au Sahel, à l’instar des zones arides ailleurs, est rendu plus complexe par les niveaux élevés de différenciation des moyens d’existence parmi les personnes vivant en zones rurales. Les agriculteurs, les pasteurs, les agro-pasteurs, les pêcheurs, les chasseurs et les butineurs, entre autres, se disputent l’accès à la terre et à des autres ressources naturelles tout en se fournissant collectivement une gamme des services mutuellement bénéfiques. Ces différents moyens d’existence recoupent les différences sociales, où l’ethnicité, le genre, l’âge et, dans certains cas, la religion, contribuant tous à déterminer les droits et l’accès aux ressources. En conséquence, la gestion et la gouvernance durables des ressources naturelles sont extrêmement complexe et le risque de conflit augmente à mesure que des nouveaux risques et incertitudes, tels que le changement climatique, s’ajoutent à cette complexité.
Lorsque les gouvernements et les programmes de développement se concentrent sur des solutions spécifiques à un secteur, ils risquent de rompre l’interconnexion complexe des moyens d’existence divers et souvent mobiles, et des catégories sociales inhérentes à la gestion des environnements sahéliens fragiles, contribuant ainsi à alimenter les conflits. Des nouvelles approches sont nécessaires pour éliminer les silos sectoriels et chercher à renforcer la prise de décision locale coordonnée et les complémentarités entre les moyens d’existence, au niveau de la communauté et au sein de l’économie, des marchés et de la politique au niveau locale et nationale. La capacité d’adaptation, les mécanismes de collaboration, la gouvernance et l’innovation face à l’incertitude sont indispensables pour appuyer la prise de décision en vue de mesures d’adaptation continues et à long terme aux changements climatiques.
Les programmes de recherche et développement, de réduction des risques de catastrophe, de résilience et d’adaptation au changement climatique offrent une mine de connaissances, qui peuvent aider à tracer une voie à suivre tenant compte de ces complexités et de ces diversités et à tracer la voie vers la résilience au changement climatique et sécuriser les moyens d’existence au Sahel.
Dans ce contexte, ALFA Sahel 2020 rassemble des acteurs ayant l’expérience directe et pratique et des données probantes issues de la recherche avec des décideurs politiques afin de traiter ces problèmes et d’acquérir une compréhension commune de l’état actuel du Sahel, des défis et des opportunités vécus et de ce qu’est un avenir du Sahel résilient, durable et sûr pourrait ressembler, l’accent étant mis sur la relation entre les agriculteurs et les pasteurs.
ALFA Sahel 2020 succède ALFA2017 qui a fourni une plateforme d’apprentissage interactif sur l’adaptation au changement climatique à travers l’Afrique à partir de laquelle les participants ont développé un communiqué avec une série de messages pour une action d’adaptation, une politique et un financement. ALFA 2017 réuni un large éventail des organisations de toute l’Afrique afin de créer ensemble use voie à suivre pour les approches en matière d’adaptation au changement climatique.